En faisant un véritable plaidoyer pour le développement de la châtaigneraie en France et plus particulièrement en Ardèche, Jean François Lalfert, castanéiculteur dont la châtaigneraie et l’atelier de transformation sont situés à deux pas du village de Thines au domaine du Bois de Belle, nous a éclairés sur de nombreux aspects de l’histoire de la châtaigne.
Bernard Riou, paléontologue ardéchois, a découvert un fossile de châtaigne de 8,5 millions d’années(La Voulte). Sa culture venant du « croissant fertile » (Israël, Syrie Liban Turquie Irak) est propagée par les romains, et le développement du châtaignier a suivi celui de la vigne. Le maximum de son développement se situe vers 1850 avec 100 000 hectares en Ardéche, 60 000 ha en 1960 et actuellement environ 30 000 ha.
Les malheurs du châtaignier se nomment : l’exode rural, les maladies touchant des propriétés non entretenues, les ravageurs (le cinips et le scarabée Hispanicus), et les cours de la châtaigne qui ont fait préférer la vente d’arbres aux usines à tanin. Le prix d’un arbre vendu dans les années 30 correspondait à 14 années de rapport !!
Une biodiversité à protéger
La châtaigneraie ardéchoise couvre 188 communes du nord de Lamastre au sud des Vans, en terrain acide. Selon l’altitude (de 400 à 900m) mais aussi la latitude, différentes variétés poussent sur notre territoire ardéchois. Il en existe 65 différentes parmi lesquelles: En sud Ardèche l’Aguyane, la précoce des Vans, la Pourrette ou la Sardonne..
En centre Ardèche : la Garinche, la Comballe ou la Bouche Rouge…
En Nord Ardèche : la Bouche de Clos, la Merle ..
Avec le réchauffement climatique d’autres zones plus faciles d’accès seront-elles plantées ? Les arbres, pour la plupart centenaires, sont entretenus et renouvelés grâce au greffage et à un soin régulier. La sauvegarde de ce patrimoine en terrasses, typique des Cévennes Ardéchoises depuis plus de 3000 ans, est actuellement un objectif alliant la technicité à l’innovation.
Protégée par une Appellation d’Origine Contrôlée depuis 2006 grâce à la mobilisation d’acteurs du département dont notre conférencier, la châtaigne d’Ardèche profite maintenant d’une Appellation d’Origine Protégée depuis 2014.
Mais le transfert foncier ne se fait pas, alors qu’il y a une demande de 4000 tonnes/an de châtaignes. Le châtaignier appelé « arbre à pain », car ayant permis de nourrir les hommes en temps de guerres ou disettes, son fruit, la châtaigne fut longtemps utilisé grillée en automne, puis séchée afin de la conserver, les cochons profitant des restes. Si on connait la soupe nommée « cousinat », la confiture ou « crème de marrons », il a fallu attendre le 20ème siècle pour voir se développer (avec le tourisme) une plus grande diversité des produits dérivés comme la farine, les marrons glacés, les brises de châtaignes, etc.
Les nombreuses personnes présentes ont pu avoir des réponses à leurs questions et profiter de l’exposition de nombreux livres sur la question. Une soirée appréciée.